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Le Tombeau des lucioles (1988)

La fugacité de la vie

C’est un film d’animation inspiré du livre autobiographique « La tombe des lucioles » de Nosaka Akiyuki dont l’histoire se déroule en temps de guerre. Le titre est d’ailleurs très parlant « Le tombeau des lucioles ». Les lucioles représentent dans la culture japonaise l’âme des morts et sont le symbole de la fugacité de la vie.

Le début du film est mémorable et bouleversant. J’ai trouvé de toute beauté l’apparition de l’esprit de Setsuko au moment où la boite de bonbons aux fruits (contenant ses ossements) est jetée. J’ai été séduite et émue par cet instant de magie : des lumières qui scintillent, ce sont des lucioles dans l’obscurité de la nuit… et nous retrouvons Setsuko suivie par Seita, main dans la main, ils partent, réunis dans la mort. À travers leur flash-back de fantômes, ils nous montrent comment ils ont vécus…

J’ai senti toute l’innocence et la pureté de ces deux enfants dans cette scène. Cela m’a émue et j’ai pleuré. Le titre résume bien la vie fugace et courte de Seita 14 ans et de sa petite sœur Setsuko de 4 ans.

Ils sont orphelins suite au décès de leur mère lors des bombardements à Kobe en été 1945. Leur père, un officier, est parti à la guerre. Comme convenu, ils ont été recueillis par leur tante à Nishinomiya. Au début leur tante était accueillante et chaleureuse, mais cela n’a duré qu’un moment, après quoi sous le prétexte de leur oisiveté, elle est devenue désagréable avec eux, au point que Seita a décidé de vivre seul avec sa sœur. Ils ont du trouver un abri, leur refuge. Livrés à eux-mêmes pour survivre dans un monde en guerre, mais heureux d’être ensemble !

L’amour fraternel

J’ai trouvé cela tellement beau la façon dont Seita s’occupe de sa petite sœur. Il fait tout pour la protéger et qu’elle souffre le moins possible de cette guerre malgré la mort de leur mère, il tente même de lui cacher cette nouvelle. Il l’emmène à la mer pour oublier la guerre, il prend l’initiative d’habiter dans un abri avec sa sœur pour la protéger des reproches de sa tante. Ils sont libres et ont plaisir à bâtir ensemble leur refuge. Mais ils sont livrés à eux-même et vite rattrapés par la réalité… Seita est un enfant, il manque de lucidité et de maturité. Il aurait pu écouter le conseil du paysan qui lui demande de retourner chez sa tante et lui faire des excuses. Mais Seita a préféré piller les maisons et les champs… jusqu’au jour où il s’est fait prendre…

Setsuko est aussi courageuse, elle a cette intelligence émotionnelle, cette innocence du cœur, elle est vraiment adorable et très touchante. Elle disait à son frère qu’elle faisait une tombe pour les lucioles comme leur mère. Elle a su par leur tante alors que Seita voulait la protéger… Il a pu enfin pleurer devant elle, faire le deuil avec sa sœur. Une fois, Seita avait reçu des coups. À un moment, il s’est mis à pleurer devant elle. Elle lui a alors demandé pourquoi il pleurait :  » Tu as mal ? Tu veux que l’on aille voir le médecin pour te faire une piqûre ? »

Ces scènes sont vraiment poignantes, ces échanges rappellent cette tendresse fraternelle. Seita joue les forts mais il a oublié qu’il était un enfant et qu’il avait le droit de pleurer… Il y a vraiment des scènes très dures qu’un enfant ne devrait pas vivre…

Des objets symboliques

Les scènes ont un message symbolique à travers les objets. C’est cela qui m’a émue le plus. Comme cette bague de leur mère que Seita a remis dans le porte-monnaie à trésors de Setsuko, cette boîte à bonbons aux fruits qui redonne toujours le sourire à Setsuko lorsqu’elle est triste, ou encore cette poupée qui lui tient compagnie lorsque Seita n’est pas là…

J’aime beaucoup ce genre de trésors car ils sont le symbole de l’amour de celui qui le donne et reçoit. Entourons-nous d’objets riches en sens et en amour plutôt que de nous noyer dans une consommation impulsive de non-sens. Qu’aimerez-vous emporter comme trésors avec vous si vous étiez dans leur situation ?

Une promesse

Cette promesse faite à sa sœur affaiblie par la malnutrition : « Je resterai toujours à côté de toi, c’est promis » m’a beaucoup touché. Être là pour l’autre.

À la fin on peut voir un hommage à la petite Setsuyo qui respire la joie de vivre dans ce refuge où nous voyons son petit coin de paradis. Cette simplicité de vie qu’elle a, à courir partout, à s’émerveiller des petits riens et à être créative.

Les promesses des enfants sont les plus belles car il n’y a aucun intérêt derrière. Juste être là, ensemble. J’ai aimé lorsqu’à la fin j’ai vu deux papillons (encore des signes pour moi !) voler et qu’ensuite Setsuko essayait de les poursuivre en nous laissant derrière elle un dernier rire témoin de sa joie de vivre. Elle est heureuse car elle est avec son frère. C’est cela le plus important. C’est de cette façon qu’elle a vécue malgré les horreurs de la vie !

L’espoir…

Cet anime est vraiment sublime, sombre mais beau, il met en lumière la réalité de la guerre, et nous éblouit par la beauté du cœur de ces enfants.

Ce que j’ai pu comprendre dans cet anime, c’est que dans la vie, il faut donc accepter que tout ait un début et une fin. Rien ne dure éternellement et finalement, la vie continue malgré ses tragédies et horreurs humaines. Il y a la naissance de la nouvelle Kobe éclairée par la lumière des grattes-ciels, signes des vies humaines transformées (et résilientes...) Cette vie est transformée par l’espoir des gens. Ces deux enfants pourraient y vivre s’ils avaient survécus…


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