Et le souffle devient signe de François Cheng
Je suis une grande fan de François Cheng et également de la calligraphie chinoise. Alors il était donc évident que je me procure ce livre dont j’ai trouvé le titre « Et le souffle devient signe » si beau et poétique. Le mot calligraphié est le mot « Rêve ». Cela résume parfaitement bien l’attraction intime que j’ai envers la calligraphie chinoise.
J’ai longtemps mis du temps à comprendre que la calligraphie chinoise est un art qui me procure une satisfaction profonde et intime. C’est un art où je n’ai pas besoin de diviser le dessin et l’écriture. La calligraphie m’a permis de concilier, de faire coexister le dessin et l’écriture en même temps. En effet pour moi, le dessin et l’écriture se rejoignent, se fusionnent, ne formant qu’un ! Alors j’aime beaucoup l’idée de faire immerger mon souffle unique en posant sur papier un caractère.
Les explications de François Cheng autour des mots qu’il a calligraphié sont pleins de vie et de sagesse ! Je vous fais donc partager les 7 calligraphies qui m’ont profondément fait vibrer. Il serait donc intéressant de relire ce livre au bout de quelques années car d’autres mots pourraient attirer mon attention mais pour le moment ce sont bien ces 7 calligraphies qui m’ont inspirée.
生 : Naissance
叁 : Trois
木/石 : bois et pierre
夢 : Rêve
花 : Fleur
怒/悲 : Colère et tristesse
神 : Esprit divin
1) La vie engendre la vie et il n’y aura pas de fin (生)
Le sens et la signification de ce caractère me parle beaucoup. Surtout que je suis actuellement sur un cycle de fin et de re-naissance. Ce caractère est 生 Shēng qui veut dire Naissance. J’ai trouvé très beau lorsqu’il dit que « le calligraphe entame un dialogue entre le visible et l’invisible, le fini et l’infini » . C’est exactement ce que j’ai ressenti. Cette pratique demande de se connecter à soi, en étant dans sa bulle mentale et que plus rien n’existe que cette pleine conscience de faire un avec son pinceau en portant en nous l’intention du mot !
Quand je regarde les deux mots 生 superposés, cela me fait penser à ma grossesse, au fait de porter la vie en moi pendant 9 mois, j’ai eu une très belle expérience. Puis je considère que le fait d’être parent, c’est aussi comme vivre une deuxième naissance. Cela m’a poussé à aller à l’encontre de ce nouveau moi qui est responsable d’un petit être, dépendant de moi. Tout a changé en moi, mon esprit mais surtout mon rapport avec mon corps.
Je n’ai pas de mode emploi pour être un parent mais grâce à cette envie de ne pas répéter les schémas dysfonctionnels reçus de mes parents, je me suis remise en question pour donner le meilleur de moi-même pour bien relationner avec mes filles. J’ai ainsi pu guérir mes blessures de l’enfance. Ce n’est pas facile de se libérer des schémas de ses parents, qui résident dans notre inconscient. Mais j’ai réussi grâce à mes filles, elles m’ont donné bien du courage et de l’amour par leur simple existence. Elles sont mes rayons de soleil. Je n’ai jamais perdu de vue d’être un modèle pour elles surtout lorsque je traversais des épreuves difficiles, d’injustice et d’humiliation, j’ai souhaité qu’elles me voient non pas en tant que mère mais en tant que Personne dans toute son authenticité. Humaine comme elles, qui a à apprendre et à composer avec ses ombres et lumières. Et vous ? Le mot naissance vous fait penser à quoi ?
2) Le Trois (叁)
Quand on se promène ne serait-ce qu’à trois,
Confucius
Chacun est certain de trouver en l’autre un maître.
Je pense qu’il s’agit de ce beau proverbe 三人行, 必有我师 que j’ai découvert à l’Institut Confucius qui a été exposé dans la salle. J’ai eu un énorme coup de foudre du sens de ce proverbe, sans avoir pu trouver la bonne traduction française. J’avais en tête cette traduction « Quand trois personnes marchent ensemble, il doit y avoir mon professeur ». Alors quand j’ai vu que François Cheng en parle, la traduction en est bien meilleure « Quand on se promène, ne serait-ce qu’à trois, chacun est certain de trouver en l’autre un maître ». Lorsque je fais une nouvelle rencontre, je suis toujours agréablement surprise par ce maître que je rencontre sur mon chemin d’évolution. De ce fait, je suis persuadée que chacun d’entre nous, pouvons tant apprendre de l’autre à travers son authenticité.
En étant parent, j’ai longtemps marché avec mes deux filles. Ce proverbe et ce caractère chinois 叁 illustrent parfaitement bien ma relation avec mes filles. J’ai eu cette chance d’avoir pu les élever en mettant de côté ma carrière professionnelle par la force des choses. Mes filles m’ont beaucoup appris sur le plan humain. J’ai appris à les connaître mais surtout à me connaître. Je réalise ô combien mes parents ne me connaissent pas en tant que personne. Je suis « la mère de… », « la fille de… » puis « la femme de… » Mais ils ne savent pas qui est Hong-Gi ? Parce qu’aujourd’hui ils ne me voient pas comme une personne qui peut aussi leur apprendre de la vie, comme ce proverbe 三人行, 必有我师 ?
Pour ma part, je n’attends pas que mes filles soient majeures pour aller à leur rencontre, pour leur apprendre ce qu’est la vie ! Je suis remplie de richesse d’avoir connu chaque poupées russes qui les habitent à chaque âge ou étape phare de leur vie. Je l’ai ai vu grandir, se développer (voir mon blog BD « Vie de Famille ») et briller avec force et courage, surtout ces deux dernières années. Nous avons tant appris ensemble. C’est un réel plaisir d’échanger avec elles. Je suis un parent épanoui. Je sais qui est Mimi, je sais qui est Meimei en tant que trésor de la vie. De ce fait, les autres voient ma relation avec mes filles comme fusionnelle (le trois 叁 de la calligraphie) et ça fait des jaloux. Certains parents ne savent pas que la relation parents-enfants ça se travaille ? Je n’ai donc pas expérimenté cette fameuse « crise d’adolescence ». Je pense que les parents qui parlent de crise, c’est juste une façon pour eux de se déresponsabiliser et de ne pas regarder en eux leur insécurités qu’ils projettent sur leurs enfants. Et vous ? Connaissez-vous vraiment vos enfants ?
3) Double chant (木) (石)
Actuellement je suis en train de lire des informations sur le concept yin-yang, sur les opposés, dualité de la vie, les complémentarités. La vie a vraiment deux faces tout comme l’être humain. La lumière n’est rien sans l’obscurité. Le bonheur n’existe pas sans malheur.
Depuis 2020, j’ai à gérer des personnes toxiques et cela a mis sens dessus-dessous mes émotions car j’avais les blessures de l’injustice et de trahison qui se sont ré-activées. J’ai donc été obligée de travailler sur mes émotions. Cela est épuisant mais j’ai tellement appris de cette épreuve.
Maintenant je suis outillée. Je me sens ainsi plus responsable de ma vie car j’ai observé toutes mes émotions à la loupe même si ça fait mal ! Maintenant je célèbre mes parts d’ombres et de lumières. Alors les trois vers ci-dessous de François Cheng illustre bien mon chemin d’évolution. C’est ma plus belle récompense, de pouvoir reprendre le pouvoir de ma météo intérieure et qu’importe si les personnes toxiques continuent à aboyer je me sais stable car je suis dans mon Royaume.
Dans l’ombre ici offerte
L’homme de longue errance
Assoit enfin royaume
4) Le rêve (夢)
Je pense que ma vie se résume à ce mot. J’aime rêver ou rêvasser, cela me donne le sourire. Je crois que mon entourage me voit comme une rêveuse, comme si j’étais dans une bulle. Et pourtant je suis très pragmatique. Le rêve a toujours fait partie de ma vie, elle est souvent liée à mon imagination et à mon âme d’enfant. Donc il nourrit ma créativité. Cela m’apprend également à les réaliser car elle est lié à mes besoins et aspirations de vie, à un idéal de vie que je tente à réaliser. Et dans le monde onirique, j’ai beaucoup de plaisir à l’explorer et à les interpréter. J’y vois parfois des messages percutants qui m’ont aidé à avoir une nouvelle prise de conscience.
Actuellement je suis en train de semer des graines pour réaliser tous mes rêves. Ils sont en train de pousser à leur rythme et qu’importe si cela prend des années. Ce n’est pas la destination qui compte mais le voyage. Mais surtout j’ai appris à me connaître, j’ai appris que je suis efficace dans mes projets que si je me laisse un temps de gestation. Décidé à la vite n’est pas fait pour moi, cela me déstabilise, me fait regretter mes choix. Alors maintenant j’essaye de travailler sur ma patience et ce n’est pas grave si ça dure des années. Cela me procure une immense fierté, surtout de voir la réaction des personnes toxiques qui pensent que j’en serais incapable de m’en sortir sans eux.
Le rêve, c’est moi. Le rêve, ce sont les gens qui me disent que je vis dans un monde de Bisounours. Mais comme je sais ce que je dis et ce que je fais, alors je sais que si je change, le monde change. C’est ma façon de contribuer pour le bien de l’humanité. Alors maintenant j’aime bien dire que ce sont ces personnes toxiques qui sont dans leur monde de Bisounours parce qu’elles ne se remettent pas en question pour bien relationner avec les autres. Le pire, c’est qu’elles exigent et demandent notre respect et notre confiance. Allô quoi ? Elles sont vraiment dans leur monde de Bisounours !
5) Une fleur (花)
J’ai toujours aimé les fleurs car elles semblent représenter les couleurs de mon monde intérieur, fleuries où virevoltent des papillons de toutes sortes. Tout s’éclore, destiné à une vie éphémère pour renaître de nouveau à chaque saison ! Effectivement rien ne peut arrêter la floraison d’une jeune pousse pour atteindre le ciel, immerger de l’obscurité de la terre pour être mis en lumière !
Je n’ai pas la main verte alors lorsque je vois une fleur fleurir chez moi, c’est la fête. Je capture à chaque fois son éclosion, c’est comme si je la découvrais comme pour la première fois, il y a cette présence, cette beauté unique qui m’émeut, les couleurs sont à chaque fois très différentes. Chaque naissance est différente !
6) Colère et tristesse (怒) (悲)
J’ai souvent été habitée, ballottée par ces deux extrêmes émotions. Je m’identifie bien avec ce proverbe « Il faut se méfier de l’eau qui dort ». C’est pourquoi j’ai ce fort besoin de faire des sports de contact. Cela me permet de me défouler et de mieux maîtriser mon corps dans l’espace en m’adaptant à l’authenticité de l’adversaire. J’apprends ainsi à surmonter mes peurs renforçant ainsi mon esprit.
Et puis, je suis une personne hypersensible, je m’émeus facilement, surtout dans mes visionnages. Je pleure beaucoup dans les difficultés de la vie. J’aime bien le conseil de mon frère qui me dit : oui pleure un bon coup mais après il faut se ressaisir (…) parce qu’il ne faut pas se positionner en victime. Oui il faut s’autoriser à pleurer, ce n’est pas un signe de faiblesse, c’est une façon d’accepter l’émotion, il faut l’accueillir et le transmuter.
Actuellement le fait d’avoir travailler mes blessures de l’injustice et de trahison, me fait me sentir plus apaisée car moins bouillonnante. J’ai su que je ne ferai plus jamais de crise d’angoisse (traumatisme lié à une relation toxique). Autrefois je n’en étais pas sûre mais maintenant je le sais. C’est depuis que j’ai sentie ma part divine qui n’est autre que mon âme. J’ai sentie en moi une présence à mes côtés, cet amour inconditionnel qui me donnait le sourire. Au début je ne comprenais pas mais un jour j’ai compris lorsque j’ai eu envie de me dire à soi-même « Je t’aime » avec beaucoup d’amour et de gratitude. J’ai sentie une vague d’amour inconditionnel me submerger, j’ai enfin compris ce qui signifie vraiment cette phrase « aimer sa propre compagnie ». Je qualifie cette expérience divine. Je me suis dis, que c’est cela être spirituelle, s’accepter tel que l’on est avec nos parts d’ombres et lumières.
7) Esprit divin (神)
Je termine par ce bel caractère 神 qui signifie l’esprit divin. Il convient parfaitement à ma notion du divin, de mon rapport avec le monde invisible, de l’âme qui m’habite et qui m’accompagne. Je crois à cet part divine que nous avons tous en nous, que nous avons à découvrir et à œuvrer pour le bien de l’humanité. Cette quête de divin n’est-elle pas la découverte de soi, de son humanité, de l’amour inconditionnel ?
Je sais que la vie est faite d’énergie. Cette énergie qui fait naître toute chose autour de moi dont je peux qu’éprouver de la gratitude. Elle stimule la créativité humaine pour créer de belles choses pour le bien-être de l’humanité. Je crois à cette beauté divine et universelle qui peut toucher l’être humain et les unir dans l’amour au-delà de la religion, croyances, culture, éducation, son statut etc. Alors je vais continuer à être le créateur de ma vie.
Que pensez-vous de mes caractères préférés ?
Laissez-vous porter par les mots de François Cheng ❤️❤️❤️
Les encres poétiques de François Cheng : https://www.youtube.com/watch?v=mi0Jr2Qo_3A