Prisonnier Riku de Shinobu Seguchi
[Shōnen manga] Prisonnier Riku – 38 volumes (2011-2018)
J’ai beaucoup aimé ce manga post-apocalyptique qui a su me tenir en haleine jusqu’au bout des 38 tomes. Je le précise car souvent mon intérêt disparaît pour des mangas après quelques tomes mais là ce n’a pas été le cas ! Ce manga est riche en émotions fortes et je me suis laissée happer par des montagnes russes émotionnelles !
Le cri du cœur !
Tokyo a été dévasté par une météorite, divisant la ville en deux quartiers dix ans plus tard séparant les riches et les pauvres par un mur de verre. C’est dans ce quartier bidonville que vit un jeune garçon Riku Kurita. Il est orphelin mais a été recueilli puis élevé par un vieux policier, qui est devenu son « Papy », sa seule famille. Mais lorsque son grand-père est assassiné sous les yeux de Riku le jour de ses 13 ans, il est accusé de l’avoir tué et il est envoyé dans une prison de haute sécurité de l’Île de Paradis, condamné à y rester pendant 30 ans. Ayant réalisé que l’assassin n’est autre que Monsieur Kidoin le Préfet de Police. Il a décidé de se venger et de s’évader coûte que coûte !
J’aime beaucoup le personnage Riku parce qu’il n’est pas un héro comme les autres. Il est jeune, petit et faible. Et malgré qu’il soit le souffre-douleur des pires criminels et des gardiens vicieux, il ne fléchit jamais face à eux. Il a une force de caractère inébranlable qui est déstabilisante et intriguante. Il est déterminé à rendre justice à son grand-père et à tous ceux qui ont souffert de ce monde effroyablement ignoble géré par Kidoin. Il a entendu le cri du cœur de ses amis de cellules et fera tout pour dévoiler les magouilles de Kidoin !
L’enfer : l’univers carcéral
Les droits de l’homme bafoués
Cette prison de haute sécurité se trouve sur l’île du Paradis, coupée du reste du monde. Elle a une capacité d’accueil de 100.000 détenus. Il y a 160.000 habitants sur l’île dont 20.000 gardiens qui vivent avec leur famille. Elle n’est pas gérée par le ministère de la justice, celui-ci déléguant toute autorité judicière à la police. Cette dernière arrête et juge les criminels du bidonville sans sommation, ne leur donnant aucun droit de se défendre. Pour ceux qui vivent dans le bidonville, les droits de l’homme n’existent pas. C’est ainsi que Riku se retrouve condamné malgré qu’il ait clamé son innocence. C’est insoutenable !
La loi agit ainsi en oppresseur sanguinaire et sadique pour faire régner l’ordre dans la prison par de la violence verbale et physique à répétition ! Les tortionnaires n’ont de cesse de blesser physiquement mais aussi briser l’âme jusqu’à anéantir la faible lueur d’espoir des détenus… C’est ce que j’ai ressenti dans ce manga !
La loi du plus fort est-elle vraiment une loi ?
Riku s’est retrouvé dans une cellule avec avec 6 autres co-détenus dont le chef Rénoma SASAKI du 27ème menuiserie. Il ordonne obéissance sans quoi c’est la punition. En voulant protéger ses convictions, Riku s’était fait cogner par Rénoma à son arrivée dans la cellule.
Il y a plusieurs chefs de gangs que nous découvrons au fil des pages. Ce sont vraiment des monstres, ils font vraiment peur car ils sèment la peur et la violence. Les règlements de compte au sein d’un même gang sont courant, et les gardiens corrompus ferment volontiers les yeux. C’est un monde machiavélique.
Riku a pour principe de se dire « Quand on est fort, on respecte les faibles » ! Il tient cela de son grand-père qui a toujours protégé au péril de sa vie les plus faibles. Mais dans les murs de la prison, cela le met hors de lui de voir que ce principe et complètement bafoué. Les forts maltraitent les faibles et la puissante autorité policière persécute les forts aussi en toute impunité. Ils ne sont pas si différents que cela.
Jamais Riku ne soumettra à cette loi, ni n’acceptera que l’on se moque des plus faibles qui ne peuvent se défendre. Riku ne cesse de se battre jusqu’au bout pour se faire entendre et défendre ses droits, gagnant ainsi l’estime et le respect des chefs de gangs.
« Je refuse de me faire écraser par ce monde pourri en me donnant des excuses, ou en prétextant que c’est le destin ou la faute des autres ! » Riku
Ce qui met Riku extrêmement en colère ce sont les personnes qui rejettent la faute de leurs malheurs sur les autres en les martyrisant. Lui aussi il vient du bidonville mais il ne règle pas ses problèmes par la haine et la violence. Riku fait comprendre à ceux qui le côtoient que la loi du plus fort n’est finalement pas une loi, et que les plus forts en pâtissent aussi. Tous gagnent à rechercher morale et justice et à abolir le rapport de force. C’est ainsi que l’on peut être juste avec son prochain et bâtir un monde meilleur.
De belles histoires d’amitiés
J’ai vraiment trouvé très belles les amitiés entre les détenus. Ce sont des hors-la-loi mais ils ont des principes et le sens de l’honneur. De plus ils ont une façon bien à eux de montrer leur amour par des coups. Moi aussi je me retrouve à travers cette docteure de la prison qui dit ne pas comprendre qu’ils puissent rire ensemble alors qu’ils se sont presque entre-tués.
J’aime beaucoup les combats d’amitié entre le Géant et Rénoma, ils se cherchent toujours et s’en foutent plein la gueule ! Riku a compris qu’ils s’estimaient beaucoup et que se battre, c’était leur façon de se déstresser dans cet enfer !
J’adore ces scènes où ils se tapent dessus et s’insultent car on peut clairement sentir cette bonne camaraderie. Les détenus sont obligés de calmer les ardeurs de leur chefs respectifs de peurs qu’ils se fasse torturer sévèrement en isolement par les gardiens à cause de leur raffut !
Voici les chef de gangs qui ont tous une musculature impressionnante et une personnalité intéressante et authentique. Les histoires des co-détenus sont aussi touchantes et ils n’ont vraiment pas de chance dans leur vie ! Ils se retrouvent avec les pires criminels avec leur petit délit : un vol de poule, un piratage informatique, la destruction d’un bien public. La Police ne fait pas de différence, ils sont tous des déchets de la société.
J’ai vraiment beaucoup de plaisir à connaître leur histoire personnelle. On ne peut qu’être ému comme Riku qui après écouté l’histoire de Rénoma s’était mis à pleurer. Nous réalisons que ces hors-la loi ne sont pas de vrais méchants mais des personnes brisées par la vie. C’est ainsi que Riku arrive à toucher leur cœur, en partageant avec eux le poids de leur souffrance. Lui qui a grandit dans un bidonville mais n’a jamais sombré dans la haine ou la violence.
Des instants de joie…
A droite : Naoya SUDÔ, Toshimichi SUGA « Le Tatoueur », Suguru NOGITA et Riku KURITA
Cette scène où ils contemplent tous ensemble la Lune et se demandent si ceux en isolement et torturé peuvent eux-aussi voir aussi la beauté de ce clair de Lune…
Il y a des scènes rigolotes et touchantes. Par exemple après que la docteure ait fait du bouche à bouche à Riku… tous en veulent aussi, et prétendent alors s’évanouir ! Il y a l’amitié entre Amano et Matsuo, ces deux-là sont les moins rustres. Voilà une scène qui m’a fait bien rire :
Et puis il y a la fois où Riku a raconté que son Papy lui fêtait son anniversaire. Les autres ne savaient pas ce que c’était de fêter un anniversaire. Alors Amano a décidé de faire une fête d’anniversaire surprise pour Matsuo. Il a demandé si cela serait une bonne idée ? Riku lui dit que c’est une bonne idée car « On se sent heureux, on est content d’être né, ça redonne confiance en soi. Et quand on passe des moments difficiles, ça redonne envie de vivre… » Alors grâce à ses mots, ils ont décidé d’aller jusqu’au bout de leur idée en demandant l’aide de Rénoma.
La force de rage de Riku rend les plus faibles courageux, à oser se battre contre l’injustice. Il est très inspirant et les pousse à montrer le meilleur d’eux-même quoiqu’il arrive. C’est vraiment salvateur. J’ai trouvé que l’auteur est vraiment très fort pour nous montrer aux premiers abords le côté sombre d’un personnage mais par la suite faire resurgir la beauté humaine de ce qu’il est dans son cœur. Encore une fois, l’auteur nous montre qu’il ne faut jamais se fier aux apparences, les méchants ne sont pas si méchants que ça !
Leur avenir c’est la liberté
C’est à partir du tome 5 que cela commence à être très périlleux. Grâce à Riku, Rénoma veut croire à son avenir et il commence à réfléchir à son avenir. Il ne veut pas moisir dans cette prison à attendre sa liberté conditionnelle. Il a envie de se battre pour sa liberté.
Pour Renoma, vivre enchaîné c’est comme être mort ! Il ne supporte plus. Alors j’ai pu resentir avec lui la saveur et la valeur de la liberté et ça donne envie de la vivre pleinement. Autrefois, j’avais l’impression de vivre en cage, seule ou en couple, être enfermée par les peurs et les croyances limitantes, je ne me sentais pas libre. Alors j’aime énormément ce dessin de Renoma sur sa moto avec sa vision de la liberté.
La quête de la liberté
Renoma a réussi à convaincre Riku de s’allier à lui pour s’évader ensemble et devenir ainsi des frères de sang.
La suite du manga nous laisse sans répit avec de rebondissements et de rencontres inattendues ! Étudier la prison, les points de surveillance, avoir les plans, soudoyer un gardien, trouver un moyen de déverrouiller les menottes, affronter un prisonnier psychopathe assoiffé de sang etc. Ils trouveront d’autres complices qui deviendront à leur tour des frères de sang. Ils recevront des aides de l’extérieur. Et nous verrons qu’il y a parfois des gardiens intègres. C’est un manga très captivant !!
J’ai vraiment aimé voir l’avancée de leur évasion et petit à petit à force d’enquêter. Ils en savent un peu plus sur la raison pour laquelle Kidoin a assassiné le grand-père de Riku. Son grand-père avait des preuves pour faire tomber Kidoin pour ses ambitions machiavéliques allant à l’encontre de l’humanité. Ce manga vous réserve plein de surprises et nous emmène dans un univers encore plus sanguinaire et inhumain dans leur quête de liberté et de vérité !
Un univers inoubliable
Ce manga est pour moi une pépite car il m’a secouée intérieurement. Le message est intense, l’auteur est très fort pour nous mener jusqu’au fin fond du trou, mais ensuite nous laisse entrevoir une lueur d’espoir. Et le combat continue ! C’est vraiment très émouvant !
Ce que j’ai aimé en plus c’est de retrouver avec joie les notes de l’auteur sur les pages de couverture du manga. C’est une pensée intime de l’auteur comme s’il partageait ses petits instants de réflexion et de bonheur.
Puis parfois à la fin du manga, on peut y lire une courte histoire dont le style de dessin est légèrement différent, des instants de bonheur qu’il vivait dans le bidonville avec ses amis et son Papy malgré les conditions de vie misérables, il nous laisse voir cette joie qu’il émane de lui et qu’il chérit.
C’est un manga que je vous invite à lire si vous aimez la baston pure et dure avec des messages courageux, vaillants et boostant à travers la lutte de Riku et de ses amis. Des messages qui montrent qu’il faut toujours garder espoir. Nous avons au fond de nous cette force et cette volonté de faire bouger les choses. Nous avons ce pouvoir en nous. Notre potentiel de vie et d’amour nous a jamais quitté.