Flammes jumelles : Témoignage de ma flamme Grégory
Je m’appelle Grégory. Je suis celui que Hong-Gi a appelé son âme-sœur puis sa flamme jumelle. Suite à notre rupture, j’ai eu envie de partager moi aussi notre histoire. Que nos deux écritures se rejoignent ici. Celle de Hong-Gi et la mienne. J’ai pensé que cela avait un sens de partager cela. Un sens pour moi mais aussi pour ma flamme jumelle et aussi pour ses lecteurs. J’ai pensé que l’inverse, c’est à dire garder cela pour soi, n’avait précisément pas de sens, car c’était d’une part lui enlever de sa lumière (alors que c’est une belle histoire) et d’autre part ne pas comprendre que cela pouvait aider d’autres personnes .
La rencontre
Le soir où j’ai rencontrée mon âme jumelle j’ai eu cette sensation très forte de l’avoir déjà rencontrée. J’avais le sentiment de la connaître. De l’avoir connue à une époque lointaine. Son visage me rappelait quelqu’un. Mais je ne n’avais aucune idée de qui. Lorsque je suis rentré chez moi (j’étais alors en couple) j’ai raconté à ma conjointe ce cours de chinois auquel je venais de participer et je lui ai fait part de la présence de cette personne que j’avais l’étrange sensation de connaître. Le soir même je l’ai contactée, je ne sais pas pourquoi, quelque chose m’a poussé vraiment à le faire. Nous avons parlé trois heures par SMS. Cela a été le début de nos échanges quotidiens. Nous échangions tout au long du jour, chaque jour, comme deux vieux amis. Et cela dès le premier jour. C’était vraiment étonnant. Je n’avais jamais vécu rien de tel.
La naissance d’une amitié
Rapidement nous avons commencé à nous voir. La première fois c’était à la médiathèque pour réviser nos cours. Nous nous connaissions depuis quelques jours seulement. C’était pourtant tout naturel de se retrouver là. Nous n’avons pas beaucoup étudier et à la place nous avons dessiné une étagère. Ensuite nous avons commencé nos promenades au hasard des rues de la ville. Marcher au hasard, s’asseoir sur un banc. De la même façon cela se faisait naturellement. De même les silences qui étaient pour moi révélateur de notre entente. Lorsque nous marchions ainsi ensemble, j’avais remarqué que nous faisions toujours en sorte que rien ne vienne se mettre entre nous. Je n’avais pas d’avis là-dessus, je constatais simplement cela, je trouvais cela amusant et plaisant. Lorsque l’on marchait côte à côte ainsi, sans but, je ressentais cette bulle autour de nous, j’aurais pu marcher ainsi des heures, il y avait comme une évidence dans sa présence à mes côtés. Nous avons commencé à nous asseoir sur des bancs. Nous y restions longuement. Sur un banc, je ressentais cette même bulle qui nous entourait, un espace-temps qui n’appartenait qu’à nous. Lorsque je la regardais dans les yeux j’avais toujours une sensation très étrange, une émotion indéfinissable. Ce n’était pas une attirance, c’était autre chose, comme si je cherchais à trouver quelque chose au fond de son regard, comme un visage oublié, une amnésie et une tentative désespérée de reconnaître l’autre. Je ne me sentais pas attirée physiquement par ma flamme jumelle, pas comme on l’entend, même si je l’ai toujours trouvée très belle bien sûr. Cela restait pour moi complètement platonique. Je me sentais bien dans mon couple et elle se sentait bien dans le sien. Il y avait un équilibre. J’ai toujours eu comme ma flamme jumelle de très belles amitiés avec des femmes et j’ai toujours su conserver ces amitiés. Alors construire cette amitié nouvelle me semblait tout à fait possible et me rendait très heureux. Nous venions d’arriver dans la ville et je ne connaissais personne.
Cette rencontre m’enchantait. Nous avions tant de points communs, tant de différences aussi dans nos modes de vie. Mais nous partagions un même univers mental. Quand on marchait côte à côte, quand on s’asseyait sur un banc, nous étions dans notre bulle. Tout était si simple. Si beau.
L’apparition du lien
Très rapidement, au bout de quelques semaines à peine, j’ai commencé à penser à ma flamme jumelle lorsqu’elle était enfant, très précisément lorsqu’elle avait 9 ou 10 ans. J’avais comme des images d’elle. Je pouvais me la représenter très clairement. Chaque fois que je pensais à elle enfant, ces images d’elle s’associaient automatiquement à des images de moi enfant à la même époque (nous sommes nés la même année à deux mois d’intervalle). Je la voyais enfant et l’instant suivant je me voyais enfant au même âge et nos deux enfances s’associaient, se réunissaient sans que je ne sache pourquoi. Je me voyais dans ma chambre, je la voyais sur son île, et il y avait de la tristesse chez elle. Une grande tristesse. Chaque fois cela me bouleversait et me faisait pleurer. Je ne comprenais vraiment pas ce qu’il m’arrivait. Elle ne m’avait jamais parlé de son enfance. Je ne comprenais pas ces associations d’images qui se faisait hors de ma volonté. C’était une sensation très forte et incontrôlable. Je me souviens aussi de la première fois où j’ai consulté son blog et ses dessins. Des dessins de son quotidien avec des petits personnages rigolos. Rien de triste là-dedans. Et pourtant lorsque j’ai vu ses dessins si simples ils m’ont bouleversé de cette même émotion et de la même façon je me suis mis à pleurer. Encore une fois je ne comprenais vraiment pas ce qu’il m’arrivait. Cela a continué ainsi, de plus en plus fortement, de plus en plus fréquemment. J’ai vraiment eu le sentiment de devenir fou et ce n’est que plusieurs mois plus tard en lisant des articles sur l’existence des flammes jumelles que j’ai pensé que je ne l’étais peut-être pas. Nous avons commencé à nous écrire par mail suite à sa demande tout en continuant à nous écrire des SMS à longueur de journée. Dans un mail, un soir, je lui demandais ce qu’elle pouvait bien faire lorsqu’elle avait 9 ans et qu’elle était dans sa chambre et que moi j’étais dans la mienne. Ma question l’avait beaucoup surprise. Car cet âge-là correspondait pour elle à une période où elle a été victime du mal… Ce que j’ignorais alors totalement.
Peu à peu ainsi un lien tout à fait particulier est apparu. Un lien dans lequel se mêlait de nombreuses sensations et nombreux sentiments. Un lien où se mêlait en permanence passé et présent. Une envie de tendresse de plus en plus forte qui est apparu très clairement face à l’océan.
Un soir, chez toi, nous nous sommes allongés sur le sofa. Nous étions l’un face à l’autre, nous nous regardions dans les yeux. Tu as fermé les yeux et puis soudainement tu t’es blottie dans mes bras. Comme si tu t’étais jeté en moi. Abandonnée. Quand tu es venue dans mes bras, j’ai ressentie quelque chose que je n’avais jamais ressenti auparavant. J’ai eu cette sensation, très forte, très physique, de t’avoir retrouvée, enfin retrouvée. C’était un ressenti physique. Je n’avais aucune idée de qu’il signifiait ni pourquoi je ressentais cela. Je t’ai trouvée, enfin. Avec cette sensation que je t’avais cherché pendant si longtemps. J’ai eu cette prise de conscience à ce moment là d’avoir cherché quelqu’un pendant toutes ces années et que cette personne c’était toi. C’était comme si toute ma vie jusqu’à cet instant prenait un sens, trouvait une explication. Tous mes choix, mes attirances, mes voyages, mes recherches. Tout prenait soudainement sens alors que tu étais blottie dans mes bras.
Après cette expérience que je qualifie de divine, plus rien n’a été pareil. Cela a été comme une porte qui s’est ouverte. Le début d’une histoire à la fois merveilleuse mais aussi très douloureuse. Cette attirance très forte et à la fois cette envie de fuir sans comprendre pourquoi. Cette sensation très forte et fascinante d’être face à soi-même. Cette gémellité que l’on remarquait même dans notre physique, notamment sur nos photos enfants, mais aujourd’hui encore quand on compare par exemple nos mains. Cette sensation aussi d’être en permanence habité par l’autre, de sa présence permanente. Ces voyages aussi constants entre passé et présent, cette sensation incroyable avec elle de voyager dans le temps, de remonter le temps et de le modifier, de « construire » de nouveaux souvenirs qui nous apparaissent aujourd’hui comme de véritables souvenirs avec aujourd’hui ce réel sentiment d’avoir grandi ensemble à Tahiti, une enfance heureuse dont nous conservons plein d’images.
Mais cela a été aussi comme l’a décrit ma flamme jumelle dans son article, la révélation de nos blessures et l’affrontement de nos ego, tout cela nous entraînant sur de véritables montagnes russes émotionnelles, parfois violentes et souvent très douloureuses, trop douloureuses. Passant sans cesse de l’amour à la peur, à la haine presque parfois… Sans comprendre. J’ai vraiment pensé perdre la raison, je pensais être fou et vivre une relation folle. Je cherchais en permanence des raisons à ce qui m’arrivait, à mes comportements, mes réactions, des explications rationnelles (et à ses comportements et ses réactions aussi). Évidemment toutes les explications rationnelles que je trouvais et que je pouvais donner à ma flamme jumelle étaient erronées. Et de plus cela entraînait encore davantage de tensions et d’affrontements et de peurs et de colère. J’avais lu ces mots sur internet concernant les difficultés rencontrées dans ce lien : « Fuis-moi, je te suis. Suis-moi, je te fuis ». C’est exactement ça. Sans avoir aucune idée du pourquoi, ce qui est extrêmement difficile à vivre.
La lecture sur internet d’autres témoignages m’a beaucoup aidé et j’en remercie pour cela les auteurs. Cela m’a permis de comprendre que je n’étais pas seul à vivre un tel lien et que ce n’était pas une illusion, que je n’étais pas fou, que nous n’étions pas fous.
La séparation
Il y a quelques jours nous nous sommes séparés, divisés. Nous avons eu des mots très durs. Mais nous avons aussi compris que nous nous aimons. Que rien n’est illusion. Que tout cet amour est vrai. J’ai accepté que tout cela, tout ce que nous étions en train de vivre, c’était ce lien de flammes jumelles. J’ai compris que toutes mes peurs, tous mes doutes, étaient liés à ce lien de flamme jumelle et que toutes les autres raisons que je pouvais trouver, invoquer n’étaient que des constructions de mon mental qui cherche à rationaliser. J’ai compris que je devais accepter ce lien dans sa totalité, et pas seulement dans ce qu’il a d’incroyablement beau, mais avec l’ensemble des étapes qui le constitue et donc celles aussi qui sont douloureuses. J’avais lu à plusieurs reprises que parmi ces étapes il y a celle de la séparation, de la division des flammes. Je crois que le terme division est plus juste. Divisé mais pas séparé. J’ai compris qu’il me fallait aussi accepter cette étape-là.
Par ailleurs, il ne s’agit pas d’une fin, c’est une étape intermédiaire, nécessaire à la reconstruction de soi, qui seule peut mener à la réunion finale avec sa flamme jumelle, une réunion ou chacun de soi est plein et guéri. C’est donc malgré l’immense tristesse, l’immense désarroi, l’immense solitude ressentie, une étape porteuse d’espoir.